L’Amérique de G. W. Bush et l’Asie Revue de l’International Herald Tribune en janvier
2001
Les principaux faits marquants du mois
de janvier
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NB Cette revue de l'IHT, nouvelle rubrique de ce site, sera présentée chaque mois dans toute la mesure du possible |
Au lendemain de l'accession de Bush à la présidence des États-Unis, il était à prévoir que l'Asie s'interroge dans le courant de janvier sur les nouvelles orientations de la politique américaine dans cette partie du monde. Les liens avec les États-Unis ont en effet joué un rôle majeur, depuis des décennies, dans toutes les évolutions qui ont marqué le continent asiatique dans les domaines stratégique, politique et économique. Le gouvernement de Washington s'est toujours imposé dans cette région comme le garant de toutes les stabilités - sinon des libertés. Les éditoriaux et articles de fond ne pouvaient que refléter cette interrogation, ce qui explique la densité des informations et commentaires que ce journal a publié au cours de cette période. Au premier plan des préoccupations exprimées, c'est sans nul doute les questions liées à la décision présentée comme irrévocable de mettre en place un système de missiles anti-missiles (le “bouclier anti-missile“) - inclurait-il Taïwan ?- qui a le plus fortement appelé l'attention. Les déclarations du nouveau Secrétaire d'État et l'envoi en Chine d'experts américains auront permis de poser le problème de manière édifiante : la décision était prise de passer aux actes. Les premières réactions chinoises, japonaises, coréennes et singapouriennes n'ont manqué d'être commentées. Une réelle inquiétude - proche de l'angoisse - semble en effet avoir saisi les " alliés asiatiques " et les autres pays de la région. Dans l'attente d'une explication américaine tant avec la Chine directement concernée qu'avec les leaders coréens du Nord et du Sud, l'Asie redoute au plus haut point d'avoir à faire un choix crucifiant entre la Chine et les États-Unis, avec des effets qui pourraient se propager jusqu'à la coopération régionale, laquelle pourrait être remise en question. D'ores et déjà les chefs de gouvernement et ministres de la région n'ont qu'un désir : se rendre à Washington pour rencontrer le Président Bush. L'autre préoccupation majeure des pays d'Asie, de leurs gouvernements et des experts s'est portée sur l'annonce d'un ralentissement de l'économie américaine, laquelle au cours des dernières décades, et notamment pendant et après la crise asiatique (1987-98), a pratiquement entraîné dans son sillage toutes les économies du continent asiatique. Et chacun de s'interroger sur les conséquences prévisibles d'une contraction américaine qui ne manquerait pas de produire ses effets sur les exportations vers les États-Unis, les investissements et les réformes plus ou moins engagées dans les domaines clefs des différents pays de la région. Dans ce contexte, les élections thaïlandaises ne pouvaient que passer au second plan, de même que la tension politique croissante en Indonésie, pourtant proche de la gravité. Aux Philippines les commentateurs restent sur leur faim après l'accession au pouvoir d'une nouvelle représentante des élites locales. En fait la situation en Asie du Sud-Est est préoccupante et la décision de Singapour de regarder au-delà de la zone, marque l'inquiétude de ses dirigeants devant une dégradation de leur environnement. D'où également les initiatives qu'ils entendent prendre pour rechercher des arrangements commerciaux avec les pays de l'AFTA, de manière à fixer les bases d'une nouvelle forme de coopération dans la région - peut-être à la suggestion de la nouvelle administration américaine - tout donnerait à y penser. En bref, en cette période d'incertitude et de transition, c'est bien sur les bases de la future stabilité en Asie, à l'ère “post-clintonienne“, que se posent toutes les interrogations, et cela dès le début de l'année, avant même que ne soient définis les axes de la politique de Washington dans cette partie du monde. Quant au Japon, le sort - stagnation économique, chômage,
corruption - que réservent les journalises à la deuxième
puissance économique mondiale est significatif du peu d'espoir
que placent les médias dans le rôle qu'il serait susceptible
de jouer dans cette partie géopolitique où les pièces
se mettent en place. Il est vrai que l'Europe n'est mentionnée
subsidiairement, par Singapour, qu'en tant qu' "intervenant " au
niveau des marchés et de la compétition.
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