Revue de l’International Herald Tribune en janvier
2001
2.1 Un système politique plus ouvert en Asie du Sud Est |
Dans le IHT des 6 et 7 janvier, Seth Mydans estime paradoxalement en s'inspirant des élections thaïlandaises, qu' il y a une "vague en Asie pour un système politique plus ouvert", que le système tant prôné des valeurs asiatiques serait à présent sur la défensive. D'après Mutthia Algappa, du Centre Est-Ouest de Honolulu, le processus actuel en Thaïlande est comme un test pour la région. Même s'il est vrai que l'on doive s'attendre à des retours et à des revers dans ce processus. Pour les experts, une commission anti-corruption a été formellement instituée, elle serait significative de cette volonté de changement. Depuis les années 80 et 90, la Thaïlande s'est progressivement émancipée du pouvoir militaire, processus actuellement en cours en Indonésie, bien qu'avec un retard de plus de 20 ans. La leçon à tirer est que de "mauvais politiciens ne peuvent faire que de la mauvaise politique". Pour les universitaires de l'Université Chulalongkorn, de Bangkok, les pays de la région connaissent ce processus de démocratisation. Jusqu'à la Malaisie où le Premier ministre Mahatir rencontre une opposition de plus en plus marquée des partis politiques et des organisations non gouvernementales. En bref, il y a une situation dans les pays de la région où un autoritarisme à l'ancienne est confrontée à des forces "démocratiques", et les hiérarchies, à des courants marqués par l'égalitarisme et l'individualisme. Et les experts académiques de Bangkok d'évoquer à cet égard également l'attente d'une plus grande transparence tant au Laos qu'au Vietnam, condition comme à Singapour de l'entrée des pays de l'Asie du Sud Est dans le Marché mondial. Selon M. Kavi, du quotidien thaïlandais “Nation“, les fermiers sont en état de contestation, les anciens “clients“ en révolte contre les "patrons", comme en témoigne le champ de bataille constitutionnel contre la corruption. |
Dans un éditorial du 23 janvier, David Phillips s'interroge sur la question de savoir si l'Indonésie peut connaître une décentralisation sans démantèlement. Ce commentateur, professeur à l'Académie diplomatique de Vienne examine le projet indonésien de décentralisation, non sans rappeler que l'ex-président Habibie avait pour sa part envisagé un projet très similaire de décentralisation. Le projet en bref est que le Président Wahid, en application de son programme pour une plus grande démocratie, offre aux autorités locales un plus grand contrôle sur les impôts, les dépenses budgétaires et les ressources naturelles. Tout le problème est de savoir si ce programme aura pour effet une forme de consolidation de la démocratie ou au contraire aura pour résultat d'accélérer le démantèlement de la nation indonésienne. Les critiques contre ce projet font déjà observer qu'il affaiblira l'économie, accentuera la production et accélérera les violences séparatistes. Jakarta retiendrait le contrôle de la défense, de la justice, des affaires étrangères et monétaires, cependant que les régions garderaient leur responsabilité pour la santé, l'éducation, les questions touchant à la propriété des terres et aux investissements. Les autorités locales se réserveraient 80% des revenus des mines, des forêts et des pêches, 30% du gaz naturel, 15 % du pétrole. Seulement 40% des revenus fiscaux seraient versés au gouvernement central. Les leaders de l'Iirian Jaya et d'Aceh ont déjà rejeté cette procédure considérée comme un substitut amoindri à leurs aspirations à l'autonomie. D'autre part force est de constater que l'on assiste à une érosion accélérée du pouvoir présidentiel, confirmée sur le sujet par la démission du ministre chargé de ce programme de décentralisation. Enfin le FMI est particulièrement concerné par la capacité donnée aux régions d'emprunter des fonds sans l'approbation préalable du gouvernement central, au moment où cette institution met à la disposition de l'Indonésie 5 milliards de dollars en fonds d'urgence. Ce projet est décidé au moment même où le gouvernement est confronté à de nouveaux problèmes de chute de la monnaie nationale, face à une trésorerie complètement exsangue. On ajoutera à cela les risques très réels que la décentralisation ne serve à nourrir la corruption, déjà endémique au niveau national. Sans l'instauration de contrôles, sans structures comptables, sans transparence dans les processus décisionnels, on voit mal comment les responsables régionaux et locaux seraient à même de résister à la tentation de profits illicites. Des plans existent d'envois de cadres administratifs par milliers dans les régions où manquent les services essentiels. La commission de décentralisation devra sans nul doute faire appel à l'assistance internationale. |
Dans une interview en date du 8 janvier, l'ancien Premier Ministre Lee Kuan Yew , interrogé sur les effets de l'entrée de Singapour dans l'âge de l'internet, a admis qu'il s'agissait là d'un grand risque pour la Cité-État, mais que cette prise de risque participait de l'essence même de la culture confucianiste (?). Sans craindre de se contredire, il a rappelé que dans la tradition chinoise le marchand passait en dernier, après le lettré, puis le paysan et enfin l'artisan. Cela dans toute l'Asie confucianiste - le Japon, la Corée, le Vietnam, ce qui n'était pas sans avoir affecté le développement. Il avait rencontré en Chine un secrÉtaire du parti qui s'était plaint que " notre " éducation ne produisait que le conformisme et qu'il était temps de changer tout cela. La Chine, le Japon, la Corée était conscient de cette situation, mais ce n'était pas si facile, quand on voyait qu'après plus de 120 années d'influence britannique, il y avait ce conformisme, en dépit pour beaucoup d'avoir eu une éducation britannique. . Ce qui était remarquable avec les "dot.com" c'était que beaucoup d'entre eux n'avaient pas été à l'université. Il avait noté que nombre de bureaucrates de Singapour avaient été prêts à s'essayer à l'internet, mais la peur du crash les avait amené à ne pas résilier leurs liens avec l'administration. Autres problèmes, le temps consacré À l'internet et d'autre part à la lecture ! A quel moment lire un livre ? autant dire qu'à la fin nous aurons été branchés sur l'information, mais n'auront ni la sagesse ni la compréhension du sens à donner à cette information. Mais in fine, il n'y a rien qui puisse arrêter cette évolution et nous déboucherons le cas échéant sur des situations confuses, par exemple dans les élections. Pour le Premier Lee, tout serait une question de crédibilité, et le droit de répondre, un droit qu'il considère comme imprescriptible. A cet endroit, il s'interroge avec scepticisme sur les contrôles que certains gouvernements d'Asie comme la Chine et le Vietnam cherchaient à instaurer sur ce mouvement internet, en admettant que Singapour s'y était aussi essayé, mais sans grand résultats, à en juger par son scepticisme, teinté de mélancolie (il pensait à la pornographie). De toute façon , en réponse à la question, il a observé que Singapour était différente de ce qu'elle avait été. Il regardait ses petits-enfants, différents de leurs parents, même dans les choses qu'ils lisaient. Pour lui, tout cela était un choc tectonique, personne ne savait ce qui en résulterait - de toute façon si on n'allait pas "avec", on tomberait dans les poubelles de l'histoire, comme le disait Karl Marx.8 Singapour à l'âge de l'Internet. Interview de Lee Kuan Yew Dans une interview en date du 8 janvier, l'ancien Premier Ministre Lee Kuan Yew , interrogé sur les effets de l'entrée de Singapour dans l'âge de l'internet, a admis qu'il s'agissait là d'un grand risque pour la Cité-État, mais que cette prise de risque participait de l'essence même de la culture confucianiste (?). Sans craindre de se contredire, il a rappelé que dans la tradition chinoise le marchand passait en dernier, après le lettré, puis le paysan et enfin l'artisan. Cela dans toute l'Asie confucianiste - le Japon, la Corée, le Vietnam, ce qui n'était pas sans avoir affecté le développement. Il avait rencontré en Chine un secrÉtaire du parti qui s'était plaint que " notre " éducation ne produisait que le conformisme et qu'il était temps de changer tout cela. La Chine, le Japon, la Corée était conscient de cette situation, mais ce n'était pas si facile, quand on voyait qu'après plus de 120 années d'influence britannique, il y avait ce conformisme, en dépit pour beaucoup d'avoir eu une éducation britannique. . Ce qui était remarquable avec les "dot.com" c'était que beaucoup d'entre eux n'avaient pas été à l'université. Il avait noté que nombre de bureaucrates de Singapour avaient été prêts à s'essayer à l'internet, mais la peur du crash les avait amené à ne pas résilier leurs liens avec l'administration. Autres problèmes, le temps consacré À l'internet et d'autre part à la lecture ! A quel moment lire un livre ? autant dire qu'à la fin nous aurons été branchés sur l'information, mais n'auront ni la sagesse ni la compréhension du sens à donner à cette information. Mais in fine, il n'y a rien qui puisse arrêter cette évolution et nous déboucherons le cas échéant sur des situations confuses, par exemple dans les élections. Pour le Premier Lee, tout serait une question de crédibilité, et le droit de répondre, un droit qu'il considère comme imprescriptible. A cet endroit, il s'interroge avec scepticisme sur les contrôles que certains gouvernements d'Asie comme la Chine et le Vietnam cherchaient à instaurer sur ce mouvement internet, en admettant que Singapour s'y était aussi essayé, mais sans grand résultats, à en juger par son scepticisme, teinté de mélancolie (il pensait à la pornographie). De toute façon , en réponse à la question, il a
observé que Singapour était différente de ce qu'elle
avait été. Il regardait ses petits-enfants, différents
de leurs parents, même dans les choses qu'ils lisaient. Pour lui,
tout cela était un choc tectonique, personne ne savait ce qui en
résulterait - de toute façon si on n'allait pas "avec", on
tomberait dans les poubelles de l'histoire, comme le disait Karl Marx.
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Dans une interview accordée à David Richardson et à David Ignatius, le ministre du commerce et de l'industrie de Singapour, Georges Yeo, a indiqué que Singapour se préparait à négocier des accords de commerce avec les États-Unis, l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et le Mexique. A ses yeux, le moment était venu d'aller au-delà d' une région qui allait rencontrer de nombreux problèmes. Aussi bien les objectifs de ce mouvement étaient bien de caractère politique, car il s'agissait aussi de consolider la position des États-Unis dans cette zone et en Asie du Sud Est, au moment où on assistait à la montée de la Chine en Asie. Si la Chine en ascension avait toujours été une bonne chose pour l'Asie , les Asiatiques avaient aussi besoin d'un équilibre stratégique et seuls les États-Unis pouvaient y contribuer. C'est ainsi que pour Singapour, l'environnement n'en serait que plus facile, avec davantage d'options pour négocier avec la Chine et le Japon. Sur la question du Japon, le ministre singapourien a clairement indiqué que ce pays, qu'il le veuille ou non, devrait accepter que la Chine devienne une base manufacturière pour ses industries, comme le serait l'Asie du Sud Est. C'était donc dans l'intérêt du Japon que l'Asie du Sud-Est s'intègre dans une économie régionale, avec une population de quelque 500 millions d’individus et les 2/3 du PNB de la RPC. L'ASE se présentait comme une alternative pour le capital japonais et un marché alternatif pour les produits en provenance de l'Archipel. Le ministre a observé qu'il voulait créer ce marché de l'Asie du Sud Est, tant pour les États-Unis que pour l'Europe mais non devenir le " bas-ventre " de la Chine, qui souhaiterait ce marché pour elle-mÊme. C'est pourquoi Singapour allait négocier des accords avec
Washington, avec un projet de déclaration conjointe, sur une base
qui soit acceptable pour la nouvelle administration, mais aussi pour les
deux partis : républicain et démocrate (on retrouve là
un peu de la tendance singapourienne à la mégalomanie).
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