Revue de l’International Herald Tribune en janvier
2001
3.1 Problèmes internes et modernisation de l'Asie |
Stanley O’Roth**, Secrétaire Adjoint pour l'Asie-Pacifique, a commenté la situation en Asie dans un éditorial sous le titre : " Les problèmes internes pourraient ralentir la modernisation de l'Asie ". Il rappelle au préalable les prédictions pessimistes formulées lors de la crise asiatique, annonçant des générations sacrifiées, des ouvriers dans la rue, des enfants mal nourris, en bref, des visions de cauchemar. En fait constate M. O'Roth, c'est le contraire qui s'est produit : chute de Soeharto, accession aux affaires de Chuan Leek Pai en Thaïlande, de Kim Dae Jung en Corée du Sud. En réalité, la région Asie Pacifique a récupéré bien plus rapidement que prévu, et les États-Unis ont servi de locomotive à ce redressement, ce qui explique que le ralentissement de l'économie américaine est source de préoccupations pour les différents pays de la zone. On estime déjà que l'année qui vient de débuter pourrait être difficile. Au titre des autres facteurs d'inquiétude : le prix du pétrole, les baisses d'exportation dans un secteur majeur comme celui des semi-conducteurs, et les autres secteurs orientés vers des exportations vers l'Amérique du Nord. Autre point d'interrogation : les réformes engagées en 97-98 seront-elles poursuivies ? En Corée sur la réforme des chæbols familiales, en Thaïlande après les élections ? L'espoir subsiste cependant (et ceci paraît bien être un leitmotiv de la nouvelle administration) qu'en Asie du Sud Est le débat stérile engagé sur le terrain des liens multilatéraux ou bilatéraux débouchera enfin sur des initiatives positives. A cet égard, la nécessité de relations plus active en matière de sécurité devrait servir d'encouragement au développement de liens multilatéraux, à l'instar de l'APEC et du Forum sur la sécurité établi par l'ASEAN. Aussi serait-il souhaitable notamment que les pays de la région portent leur regard au-delà des frontières nationales, et deviennent moins agressifs dans ce domaine, notamment en Asie du Sud Est. Il reste que l'ASEAN est loin d'être à l'abri de problèmes.
En Asie du Sud-Est, force est de constater que la volonté politique
reste faible. A noter toutefois quelques initiatives positives comme la
création au niveau de l'ASEAN de cette "troïka", chargée
de se pencher sur les problèmes internes à la région.
Quoi qu'il en soit, l'avenir ne laisse percevoir que des " possibilités
limitées.
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Dans un article de fond du 22 janvier, Michael Richardson insiste sur le fait qu'à son avis " la grogne contre la corruption est croissante en Asie ". Certes on se satisfait que la crise aux Philippines ait pu être résolue par un transfert de pouvoir. Il n'en reste pas moins que la "colère" contre la corruption pourrait se propager en Asie, créant une situation potentiellement explosive, qui, se plaçant sur le terrain politique serait susceptible d'engendrer un ralentissement des économies. Si des estimations pouvaient Êêtre avancées, Georges Yeo, ministre singapourien du Commerce et de l'Industrie et les observateurs financiers de la Banque asiatique de développement, la BAD, évalueraient à un tiers la part des investissements provenant de la corruption. En bref, on assiste dans les pays d'Asie à une vague anti-corruption qui touche la Chine, le Vietnam, le Pakistan, l'Indonésie, la Thaïlande, où des officiels de l'administration sont poursuivis pour "crimes" de corruption et obligés de démissionner. La Chine a démis le ministre de la Justice et trois membres du Parlement pour délits de corruption et a inscrit la lutte contre la corruption comme un combat qui déciderait de la vie ou de la mort du Parti et de l'État. Le président Wahid lui-même est l'objet en Indonésie d'une enquête sur des agissements considérés comme susceptibles d'avoir encouragé la corruption de son entourage. Même situation en Malaisie oÙ le PM critique amèrement le lien entre la politique et l'argent. Les résultats de Transparency International sont éloquents
: Singapour est noté 15, Hong Kong 15, le Japon 23, Taïwan
28, la Malaisie 36, la Corée du Sud 48, Thaïlande 60
(le nouveau PM y détiendrait 30% de la capitalisation boursière
du pays…), la Chine 60, les Philippines 69, le Vietnam 76.
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Le correspondant du IHT à Bangkok, Michael Richardson, considère pour sa part le 19 janvier que plusieurs partenaires des États Unis en Asie souhaitent collaborer avec l'Administration Bush pour accélérer la formation d'un réseau de développement et de commerce, notamment par la suppression des barrières commerciales. Beaucoup s'inquiètent de constater que la région a perdu la confiance des investisseurs, et qu'il est temps qu'une nouvelle forme de coopération s’engage avec l'administration américaine. Le Japon, l'Australie, Singapour, s'interrogent sur les moyens les plus rapides de réouvrir les marchés, de promouvoir la croissance, et partant de créer les conditions de stabilité dans la région. Ils ont pris note des déclarations d'intention du représentant intérimaire pour le Commerce à Washington, M.Robert Zoullick, invitant les partenaires de États-Unis à s'engager dans des discussions en vue de préparer des accord bilatéraux et régionaux. D'autres comme John Edwards, Chef économiste à la Hong Kong & Shanghai Bank, évoquent à cet égard les résultats de la NAFTA, avec laquelle des liens pourraient être envisagés. Singapour et l'Australie ayant de leur côté exprimé les mêmes intentions par la voie de leur ministre du Commerce et de l'Industrie. C'est ainsi que Singapour aurait déjà pris des contacts avec le Japon, l'Australie, et le Mexique, donnant ainsi en sa qualité de 10ème puissance commerciale le départ de ce mouvement au niveau mondial, dans lequel la compétition européenne devrait être également prise en ligne de compte. Les domaines relatifs aux services, à la propriété intellectuelle, aux investissements sont à inscrire actuellement en priorité dans ces négociations commerciales. |