Inauguration du pont SPIEN KIZUNA sur le Mékong 



 

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4 décembre 2001, 7h30 du matin : un calme inhabituel règne sur la place du marché de KOMPONG CHAM. Peu nombreuses sont les échoppes ouvertes et la plupart des rideaux de bois ou de métal des boutiques installées sous les colonnades des maisons coloniales sont restés fermés. A quelques rues de ce lieu, nous croisons des centaines d'écoliers en file indienne, habillés traditionnellement en jupe ou pantalon bleu marine et chemise blanche, chacun ayant tour à tour le drapeau japonais et le drapeau cambodgien. 

Nous suivons cette longue file ininterrompue, et progressivement la foule autour de nous devient de plus en plus dense. Un mélange indescriptible de groupes à dominante orange représente les bonzes, à dominante blanche les nones, à dominante beige avec béret et foulard représente les scouts et enfin un ensemble de couleurs, de niveaux sociaux allant du mendiant au commerçant en passant par les fonctionnaires. 

Cet ensemble hétérogène s'efforçant, par diverses artères, jalonnées de policiers et de militaires, de progresser vers l'attraction du jour : le rond point donnant accès au pont. Pas n'importe quel pont, l'unique pont du Cambodge sur le Mékong, dont la construction vient de s'achever et qui sera inauguré dans quelques heures.
 
 

Une fois arrivés à ce fameux rond point nous avons la chance, en tant qu'occidentaux, de nous installer en son centre et de disposer ainsi d'une vue panoramique sur tout le site où se déroulera la cérémonie qui débutera à 9h00.

Il n'est pour l'instant que 8 heures et les abords du rond point sont déjà saturés. Le service d'ordre intervenant sans arrêt afin de repousser les spectateurs qui en permanence grignotent quelques centimètres sur la chaussée, sous la poussée des milliers de gens qui s'agglutinent voulant voir ou apercevoir les acteurs de cette cérémonie exceptionnelle.

Progressivement la tribune officielle, se remplit, quelques diplomates occidentaux, des japonais, des officiers et quelques bonzes s'y installent, échappant ainsi à la bousculade et aux rayons du soleil, déjà vif à cette heure, sur leur crâne rasé.

Le survol d'hélicoptères annonce l'arrivée prochaine du Premier Ministre cambodgien HUN SEN, quelques minutes plus tard ce dernier arrive entouré du Gouverneur de la province CHEANG AM, du ministre des travaux publics et des transports KHY TAINGLIM et quelques autres notoriétés dont l'ambassadeur du Japon GOTARO OGAWA. Après les politesses d'usage, des pétales de fleurs blanches, peut-être des frangipaniers aux fleurs si odorantes, sont lancés au Premier ministre, puis les hymnes nationaux sont joués. Les discours débutent. Tour à tour se succèdent à la tribune CHEANG AM, KHY TAINGLIM, GOTARO OGAWA et HUN SEN.

Sous un soleil de plomb, lorsque l'on ne comprend ni le japonais ni le cambodgien, l'heure nécessaire à toutes ces sommités, pour s'exprimer paraît un peu long. Le seul divertissement, est d'observer la foule et de faire crépiter de temps à autre l'appareil photo. Enfin HUN SEN très volubile achève son discours, en y incorporant quelques pointes d'humour si l'on en juge par les rires de l'assistance. Orateur, charmeur probablement déjà en campagne électorale pour les élections de 2003.

La tribune se vide, à sa descente HUN SEN remet des dons aux religieux et se dirige en compagnie de l'ambassadeur du Japon et du ministre des travaux publics et des transports vers le centre du rond point afin de dévoiler les trois plaques commémoratives, l'une en cambodgien, l'autre en japonais et la troisième en anglais vantant la réussite de la collaboration des deux pays.

Ensuite en empruntant le tapis rouge ces personnalités se dirigent vers le pont en jetant un rapide coup d'œil sur les panneaux présentant les photos des réalisations de routes, et de ponts au Cambodge

L'ambassadeur du japon et HUN SEN se partage l'honneur de découper le ruban rouge, sous un tonnerre d'applaudissements, suivi d'un lâché de ballons et d'envol de pigeons pas vraiment vifs car les pauvres bestioles accablées de chaleur, à peine sorties vont se poser sur les têtes des spectateurs.

La cérémonie va s'achever avec une dernière étape au milieu du pont, d'où la perspective sur le Mékong et ses berges est magnifique et embrasse la plaine à perte de vue.

Des souhaits de prospérité sont exprimés et un nouveau lâché de ballons et de pigeons, plus alertes grâce à la brise du Mékong, mettent un point final à l'inauguration officielle du pont SPIEN KIZUNA.

La population qui était restée contenue à l'entrée du pont est maintenant libre d'y accéder et des milliers de personnes, à pied, se précipitent sur l'ouvrage par toutes les voies d'accès possible.
 
 

C'est probablement le plus spectaculaire de cette cérémonie et en quelques minutes, la liesse populaire aidant la saturation atteint son comble et ne se dissipera que tard dans la nuit.

Le pont SPIEN KIZUNA est un ouvrage qui a été financé par le gouvernement japonais. Sa construction a débuté fin 1998. D'une longueur de 1360 m, son impact économique est essentiel non seulement pour la région mais pour tout le pays à plus d'un titre.

Tout d'abord, il relie la région agricole du Nord est du Cambodge qui pourra désormais faire transiter ses produits agricoles, ses bois précieux et son caoutchouc par Phnom Penh et surtout, pour l'exploitation, par Sihanoukville principal (pour ne pas dire unique) port du Cambodge. Ensuite, ce pont ouvre une nouvelle voie entre Bangkok en Thaïlande et Ho Chi Minh Ville (Saïgon) au Vietnam.

Certes, faudra-t-il que quelques travaux rendent les routes du Cambodge, notamment la N6, plus praticables, mais sans nul doute cette liaison entraînera le développement touristique d'autant qu'elle passe à proximité immédiate des temples d'Angkor.

Souhaitons que ce pont apporte la prospérité à ce peuple si attachant et qui a tant souffert durant ces trente dernières années.
 

Le 17/12/2001- J.L. DAIRE