Thèses traitant de l'Asie Pacifique
(le recensement est en cours)

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Thèse  : Entre permanences et mutations, la bureaucratie dans le Nord du Viêt Nam (fin du XIXe-début du XXe siècles) - Mandarins et employés subalternes de l’indépendance au Protectorat

Emmanuel POISSON, maître de conférence à l’Université Paris 7 – Denis Diderot.
Soutenance de thèse : 2/10/2000
Directeurs de thèse : Daniel Hémery et Philippe Langlet


Résumé de la thèse

Nos recherches doctorales se sont orientées vers l’analyse de la bureaucratie d’Etat à la charnière du Dai Nam et du Protectorat français, au moment où s’articulent difficilement le système politique des Nguyên et le nouveau système du pouvoir colonial en construction au Bac Ky. Nous nous sommes attachés à étudier l’essai de rationalisation des appareils mandarinaux à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, mouvement qui s’inscrit en fait dans une plus longue continuité, dans le prolongement des réformes menées par Lê Thanh Tông au XVe siècle et par Minh Mang au début du XIXe siècle. Le mandarinat était en effet un enjeu essentiel de la lutte des souverains vietnamiens pour une centralisation accrue, centralisation qui supposait la limitation sinon l’élimination des phénomènes clientélaires et l’amélioration des méthodes de travail des mandarins. Or l’analogie est frappante entre les difficultés rencontrées, les solutions proposées au début et à la fin du dix-neuvième siècle. La comparaison pour le Nord du Viêt Nam entre les politiques impériales et coloniale a résolument orienté notre étude vers l’analyse des permanences, des continuités institutionnelles et sociologiques par-delà la rupture politique de la conquête. Cette orientation était plus fructueuse que la perspective problématique d’un simple processus de modernisation administrative, synonyme de transformation radicale, porté par la colonisation. La majorité des débats sur le thème de la réforme administrative au début du vingtième siècle font en effet écho aux interrogations et débats précoloniaux. La centralisation face aux intérêts particuliers, l’allégement des structures administratives, la formation, la rémunération, les méthodes de travail des mandarins et subalternes, l’administration dans la Haute Région, toutes ces questions avaient été débattues sinon abordées bien avant 1884.

Publications.

1-Ouvrages

  • Traduction annotée de la thèse de M. Ng" §øc Thä, chercheur à l’Institut Han-Nôm : Nghiªn cøu ch÷ huý ViÖt Nam qua c¸c triÒu ®¹i (Les caractères interdits au Vietnam à travers l'Histoire), Hµ Néi, Publication du Centre de l’Ecole Française d’Extrême-Orient à Hµ Néi, 1997, 447p. 
  • Traduction du texte du Catalogue du Musée d’Ethnographie du ViÖt Nam, Thµnh phè Hå ChÝ Minh, Nhµ in TrÇn Phó, 1997, 123p.
2- Articles
  • " Bibliographie du village traditionnel vietnamien ", Approches-Asie, n.14, 1997, pp. 165-197.
  • " Quan chøc, thuéc viªn, hµnh chÝnh cÊp tØnh vµ ®Þa ph­¬ng t¹i B¾c Kú - cuèi thÕ kû XIX ®Çu thÕ kû XX, nh÷ng tiÕp cËn b­íc ®Çu " [Mandarinat, personnel subalterne, administration provinciale et locale au Nord du Vietnam - fin du XIXe - début du XXe s. Premières approches] , Nghiªn Cøu LÞch Sö (Revue d’Histoire), 1997, no3, pp.58-62; no4, pp. 63-74.
  • " TËp sù - mét trong nh÷ng ph­¬ng tiÖn ®µo t¹o quan l¹i (1820-1918)" [ Le stage - un des instruments de la formation des mandarins), Nghiªn Cøu LÞch Sö (Revue d’Histoire), 1999, n.6, pp.51-58.
  • " Nguån gèc Tr­êng hËu bæ Hµ Néi (1897-1912)", [ L’Origine de l’Ecole des hËu bæ de Hµ Néi], t¹p chÝ X­a vµ Nay, (revue de l’Association des historiens du ViÖt Nam], janvier 2000, n.71, pp. E, G (Cet article s’insère dans un dossier intitulé " A l’approche du millénaire de Th¨ng Long-Hµ Néi ". Ce dossier fait l’objet d’une pagination particulière).
  • "The Apprenticeship: An Essential Aspect of Mandarinal Training (19th – early 20th century)" in Viet Nam Expose: French Scholarship on Twentieth-Century Vietnamese Society, edited by Gisele Bousquet, Center for Southeast Asian Studies, University of Hawaii, United States and Brocheux, Pierre, Université Denis Diderot, Paris. France; preface: John Whitmore, University of Michigan, USA; introduction: Gisele Bousquet. (à paraître aux Etats-Unis, Michigan University-Press, en 2002).
  • " L’infrabureaucratie vietnamienne au Bac Ky (Tonkin) de l’indépendance au protectorat (fin du XIXe – début du XXe siècles) ", Le Mouvement Social, n°194, janvier-mars 2001, pp.7-24.
  • " La rémunération réelle des fonctionnaires au §¹i Nam dans la première moitié du XIXe siècle : un essai d’évaluation ", Aséanie, n°7, juin 2001, pp.141-160.
Sources d'Asie remercie Emmanuel Poisson d'avoir autorisé la présentation de sa thèse.

Biographie du prince Boun Oum na Champassak
Un éclairage sur l'histoire récente du Laos (1910-1980)

Thèse de doctorat d'histoire soutenue par Marivanh Le Vaillant
à Institut national des langues et civilisations orientales, INALCO,
en décembre 1998 (directeur de thèse : M. le professeur Pierre Lamant)

Pour l'observateur français jetant ses regards sur la vie internationale des années 1946 à 1980, le contraste est saisissant entre un Charles de Gaulle, un René Cassin ou un Maurice Schumann, dont la carrière et le prestige politiques s'appuient très amplement sur leur participation active à la résistance antinazie, et le prince Boun Oum Na Champassak, personnage de l'histoire du Laos contemporain, acteur incontesté de la résistance antijaponaise, mais qualifié, dans son combat politique ultérieur, de " parfaite nullité ", de " potiche " ou de prévaricateur... 

Chao Boun Oum Na Champassak est le représentant d'une structure féodale: c'est en chef de la famille et du " muong (fief) " de Champassak qu'il a en 1946 renoncé à ses droits sur une partie du Laos pour créer un Laos unitaire. 

La problématique de la thèse de Marivanh Le Vaillant, petite-nièce de Chao Boun Oum, est posée à deux niveaux : l'analyse d'une mutation à travers la biographie d'un homme, grâce aux documents de famille auxquels sa qualité lui donnait accès : 

- le contexte historique récent : le passage de la féodalité à la modernité, d'un agglomérat de principautés thaï-lao (dont celle de Champassak) à un État unitaire. L'émergence du Laos unifié n'a été possible qu'au terme d'un double processus : la fin des ambitions vietnamiennes et siamoises, puis d'affranchissement de la tutelle française ; 

- l'illustration personnalisée du processus : en deux décennies, le prince Boun Oum, archétype du système féodal, descendant d'une des familles rattachée dans l'inconscient collectif laotien aux mythes fondateurs du muong, " cristallise " sur sa personne cette mutation séculaire, tout en participant activement à l'histoire récente de son pays.

Trois parties : Le temps des dépendances (1911-1941) ; Le temps des affrontements (1941-1954) ; Le temps des révolutions. 
Nombreuses annexes. 

Sources d'Asie remercie Marivanh Le Vaillant (mlevaillant@hotmail.com) d'avoir autorisé la présentation de sa thèse, dont le texte définitif, en cours de retouche avant de le rendre public, figurera sur Sources d'Asie.