extraits de la note sur le  VIETNAM  (septembre 1997)
 

 
Malgre les turbulences de l’histoire, le Vietnam demeure pour la France un pays à part, le seul en Asie ou la francophonie ait laissé des traces appréciables. Dans un environnement régional où l’anglais est omniprésent, cette empreinte mérite de notre part la plus grande attention.

Il est sensible que le gouvernement vietnamien soit conscient que la langue française puisse être un vecteur de développement autant que de culture et il est remarquable qu’il se soit porté candidat pour que le 7ème sommet de la francophonie se tienne à Hanoï du 14 au 16 novembre. C’est la première fois dans l’histoire du Vietnam contemporain que se réunira chez lui une conférence internationale majeure qui  devrait accueillir 50 chefs d’Etat ou de gouvernement représentant un tiers des pays membres de l’ONU, avec la présence, en visite officielle, du Président de la République.

La tenue du sommet sera précédée en octobre à Ho  Chi Minh Ville d’un « Forum  Francophone des Affaires » sur le thème de la coopération Nord-Sud auquel seront associés le Laos et le Cambodge avec l’organisation d’une foire exposition à laquelle les autorités vietnamiennes entendent faire participer le plus grand nombre d’entreprises.
 

UN PAYS EN EFFERVESCENCE

Ces événements, dans un ASEAN profondément secoué par une crise financière sans précédent, sont une bonne occasion pour analyser la situation d’un pays et d’un marché de près de 77 millions d’habitants qui, au taux d’accroissement démographique actuel supérieur à 2%, pourrait atteindre 130 millions d’habitants à l’horizon 2010.
· Selon les estimations de la Banque Mondiale, le PNB a atteint, en 1996, 24 milliards de dollars, c’est à dire un revenu par  tête d’environ 300 USD inégalement répartis (+ ou - 800 USD à Hô Chi Minh
Ville et 600 USD à Hanoï ).
· En 1996,  le taux de croissance du Pib s’est établi à 9,34%
· La balance commerciale pour l’année dernière est négative à -3,9Mds USD.
· L’inflation a pu être contenue, en 1996, à 4,5%  ce qui est un progrès considérable par rapport à 1995 (12,7%). Sur une période de 12 mois ( 05/96 - 05/97 ) ce taux a été maîtrisé à 1,6%.
· Le déficit budgétaire (hors dons), en 1995, représentait 1,7 % du PNB.
· La dette extérieure (en 1995) était estimée en monnaie convertible à 4.514 millions de dollars.
· Les réserves en devises (en 1995) étaient proches de 900 millions de dollars.

Ces indicateurs reflètent bien, malgré les succès de sa politique d’ouverture, le retard du Vietnam par rapport à ses voisins et les limites des ressources d’un Etat qui est encore loin d’avoir pu reconstruire le pays.

Les infrastructures du Vietnam restent dégradées, la qualité et la rentabilité de la production s’en ressentent.
La fidélité des autorités au dirigisme d’Etat d’inspiration communiste a pour conséquence de maintenir  un secteur étatique beaucoup trop important qui n’est pas efficace et n’arrive pas a jouer un rôle d’entraînement .

Le marché financier demeure sous-développé. Les investissements sont encore faibles, surtout dans les domaines de l’équipement structurel, et le développement social accuse des retards  .

Dans le temps présent, ce sous-développement a l’heureuse contrepartie de prémunir le Vietnam des effets les plus destructeurs de la crise financière qui frappe ses voisins.
Cette dernière n’est sans doute pas un élément favorable, car elle entame la confiance des investisseurs étrangers dans la stabilité de la région mais du moins a-t-elle valeur d’enseignement pour que les autorités comprennent que le Vietnam fait irrésistiblement partie d’un univers globalisé avec ses règles et ses contraintes, qui échappent au dogmatisme de la logique communiste.
 
A la différence de ses voisins, sinon de la Chine qui est un monde à part, le gouvernement vietnamien s’affirme toujours favorable à un  « capitalisme d’Etat », issu du marxisme, ayant pour vocation de contrôler l’économie.  Le secteur public représente actuellement  40 % du PIB  et  certains purs et durs du Parti souhaiteraient l’étendre à 60% à l’horizon 2020 .

Cette tendance ne doit pas effrayer les investisseurs français car les vietnamiens sont trop intelligents pour ne pas comprendre où est leur intérêt. Les survivants de la guerre s’effacent peu à peu et la nouvelle génération (les 2/3 de la population ont moins de 30 ans)  est beaucoup plus sensible à l’amélioration de son niveau de vie qu’aux vieilles lunes d’une idéologie politique .

Si les progrès du cadre administratif et juridique sont très réels, il demeure que le Vietnam reste un pays difficile pour la libre entreprise. Les réflexes de l’administration sont toujours d’une lourdeur et d’une lenteur qui ne rendent pas aisée la tâche des entrepreneurs.  Il ne faut pas mésestimer les contraintes physiques et techniques ( vétusté des infrastructures ) ,économiques (faiblesse du revenu par habitant) et réglementaires (méfiance et pesanteur administratives). Pour un investisseur ou un négociateur étranger, la patience et la vigilance sont des vertus cardinales.
Les carences du système bancaire s’ajoutent à cette forme d’instabilité qui caractérise le cadre de la vie quotidienne pour les intervenants étrangers.

Les vertus traditionnelles du peuple vietnamien , faites d’austérité et de désintéressement, ont du mal à résister à la modernité et des tensions sociales apparaissent ici et là, dues en particulier à la distorsion des richesses entre villes et campagnes. Cette réalité doit être intégrée dans le raisonnement économique de tout opérateur. Le jeu en vaut la chandelle car la transformation du pays va vite et les qualités d’intelligence de travail et d’endurance du peuple vietnamien ne sont plus à démontrer.

 
LA  PLACE DE LA FRANCE
 
     Investissements
 
PAYS 
Nb de projets 
en % du total 
Licences accordées 
( Mds de $)
1-  TAIWAN
279 
16 
4,1
2-  HONGKONG
189
13
3 ,4
3-  JAPON 
180 
10 
2 ,7
4-  SINGAPOUR 
154 
10 
2,6
5-  COREE DU SUD 
181
 9
2,4
6-  INDONESIE
 15 
 9 
2,3
7-  ETATS-UNIS
64
1,0
8-  MALAISIE 
 53
4
1,0
9-  ILES VIERGES GB
42
3
0,8
10-FRANCE
80
3
0,8