Du jeu au sport en Birmanie
par Catherine
Bourzat,
consultant dans le domaine asiatique,
auteur de nombreux articles sur l'Asie, diplômée de l'Ecole
du Louvre, titulaire d'une maîtrise d'archéologie et d'une
maîtrise de chinois, Catherine Bourzat sillonne depuis 10 ans les
routes d'Asie. Passionnée par la Chine et séduite par l'Inde,
l'auteur a trouvé en Birmanie le pays où fusionnaient ces
deux cultures millénaires et souvent antagonistes. Les premiers
voyages furent entrepris par goût de l'étude. Une cheville
foulée à Pagan, un orteil cassé sur un bateau de ligne
de l'Irrawaddy, une fièvre maligne et nocturne contractée
à Rangoon n'ont rien changé au cours des choses : la Birmanie
est devenue passion et ce guide est le fruit des rencontres au fil de cette
histoire d'amour.
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Le chinlon
Le Chinlon est le nom birman d’un jeu collectif répandu dans
toute l’Asie du Sud-Est et qui se joue avec une balle en rotin tressé.
L’équipe forme un cercle, plus ou moins grand selon le nombre de
participants pour lancer la balle. Celle-ci ne doit pas tomber par terre
ou être touchée avec les mains. Les joueurs professionnels
ont à leur actif toute une série de passes virtuoses et acrobatiques
dont la plus spectaculaire est de projeter la balle avec le pied, par-dessus
la tête, en se cabrant en arrière. Le chinlon est parfois
joué à deux équipes, avec un filet de volley-ball,
la balle étant lancée selon les mêmes règles.
Le htokesitoe
Cela ressemble à un baby-foot grandeur nature : une équipe
doit traverser un terrain occupé par une équipe adverse dont
les joueurs ne peuvent se déplacer que latéralement, en utilisant
uniquement les bras pour empêcher l’adversaire d’entrer. Ce jeu collectif
est très populaire car les règles sont très souples
et il n’y a pas de limite dans le nombre de points.
Les cerfs-volants
Les jeux de cerfs-volants ont lieu en été (mars-avril),
en particulier dans la zone sèche. On utilise tout matériau
léger pouvant se tendre sur un cadre de bambou, y compris les sacs
en plastique : voilà pourquoi les fils électriques de Mandalay
sont pavoisés de kyuk-kyuk aik en mars. Le jeu du cerf-volant est
une compétition : il faut monter toujours plus haut en gênant
les concurrents. L’arme suprême consiste à enduire la corde
avec du verre pilé qui, d’un mouvement de poignet précis,
viendra sectionner la corde d’un cerf-volant rival.
La boxe
Influencés par la boxe thaïe voisine, ces combats sont
organisés en particulier lors des fêtes môns et karens,
dont c’est le sport de prédilection. Toutes les parties du corps,
exceptée la tête, peuvent être utilisées pour
frapper l’adversaire. Mais les joueurs aiment à utiliser les techniques
de la savate, à la mode de la boxe française, dont les mouvements
sont plus impressionnants.
La lutte
Technique de combat de prédilection en Arakan, ses règles
ont sans doute emprunté à l’art du sumo du Japon, même
si les lutteurs d’Arakan n’ont pas la morphologie de leurs homologues japonais.
Les prises sont très brèves et répétées
jusqu’à déséquilibrer l’adversaire ou lui faire mordre
la poussière. Une grande compétition est organisée
chaque année à Sittwe, pour la fête de l’Etat.
Les joutes nautiques
Les courses de bateaux à rames remontent à la période
monarchique. Dans le delta de l’Irrawaddy, elles ont lieu en août-septembre,
au moment où les eaux, grossies par les pluies, ont atteint leur
hauteur maximale. Les plus extraordinaires sont celles des Intha du lac
Inle sur le plateau shan car ils ont pour tradition de propulser leurs
barges, la jambe enroulée autour de la rame. Lors des joutes, ce
sont plusieurs dizaines de rameurs qui se tiennent debout sur le bateau,
maniant la rampe avec précision dans un ensemble parfait. Les courses
de bateaux du lac Inle ont lieu principalement durant la fête de
la pagode Phaungdaw-Oo, mais on fait de plus en plus appel aux Intha pour
montrer leurs talents ailleurs dans le pays. |