OUVERTURE DU SÉMINAIRE
par Miguel DOZE, Président de la Chambre de Commerce
Franco-Asiatique
Miguel DOZE ouvre le séminaire en souhaitant
la bienvenues aux personnalités présentes. Il dit le plaisir
qu’il a à associer à cette manifestation l’Association France-Corée.
Il met l’accent sur la situation exceptionnelle qui caractérise
actuellement la Corée, en proie à une crise profonde susceptible
de provoquer l’e recul. Mais en même temps, dotée de sérieuses
capacités de redressement, elle peut se révéler très
attractive. A condition d’être attentif et de savoir s’y comporter.
C’est ce qui justifie pleinement l’organisation de ce
séminaire autour de Jean Videau, pour quelques jours en France,
alors qu’il réside depuis presque deux décennies en Corée.
Excellent connaisseur des milieux d’affaires de ce pays, puisqu’il y a
été Vice-Président de la Merchant Bank de la Société
Générale de Corée pendant dix ans, avant de prendre
sa retraite sur place.
CONFÉRENCE PARIS, 12 MARS 1998
CORÉE : CHAEBOLS, CRISE ET OPPORTUNITÉS
(notes de séance : documents Jean Videau et Sources
d’Asie)
1
- LE MIRACLE CORÉEN, SES RAISONS, SES CONTRADICTIONS…
Il y a 5 ans, le PNB/h de la Corée était
de 7.670 USD et celui du Niger de 270 USD. On mesurera la progression de
la première en rappelant que, 25 ans plus tôt, son revenu
par habitant ne dépassait pas celui du nigérien d’aujourd’hui.
Depuis le 15 août 1948, date d’instauration de la
République de Corée (dite du sud) et mis à part un
bref hiatus en 1960, seuls des généraux se sont succédés
à sa tête. Le mandat du dernier d’entre eux, Roh Tae-woo,
n’a pris fin qu’en février1993, avec Kim Young-sam, premier Président
civil élu, lequel, le 25 février dernier - il y a moins d’un
mois aujourd’hui -, cède la place à Kim Dae-jung, qui a un
long passé de démocrate.
Pendant 45 ans, dans un cadre véritablement dictatorial,
la Corée s’est donnée les moyens de son ambition : se doter
d’un outil industriel et technologique qui se veut, avec le temps, équivalent
à celui du Japon. Dans ce dispositif quasi-belliqueux, les chaebols
(conglomérats industriels) avaient reçu mission d’être
les locomotives de la croissance économique du pays. Un véritable
plan de mobilisation fut mis en place, mené par un attelage serré
entre le gouvernement et les dirigeants des chaebols . Lesquels profitaient
d'un système hiérachisé de sous-traitants en cascade,
jusqu’au stade de l’artisan. L’ensemble de la population, traditionnellement
imprégnée du sens du devoir collectif et capable d’une abnégation
et d’une sobriété exceptionnelles a constitué le moteur
du développement.
A la fin des années 70, les conditions d’une bonne
conduite des affaires des firmes coréennes se mesuraient par de
faibles rémunérations salariales et une force de travail
très motivée. Dans les années 80, les groupes d’affaires
coréens les plus perspicaces commençaient déjà
à se délocaliser vers les pays d’Asie du sud et du sud est
afin de bénéficier de leurs faibles coûts salariaux
et de leurs matières premières.
L’ensemble du système s’était révélé
redoutablement efficace, mais, la prospérité venue, ses contraintes,
devenues insupportables à une population qui avait consenti des
sacrifices douloureux durant de longues années, ne pouvaient être
maintenues. La situation de la Corée n’ayant cessé de s'améliorer,
elle “explose” même sur le plan économique en 1988. Le “miracle
coréen, fruit du régime dictatorial de Chun Doo-wan, le Président
de l’époque, s’inscrivant spectaculairement à la fois dans
le contexte des Jeux Olympiques comme dans les 14 milliards de dollars
d’excédent de la balance des paiements.
Roh Tae-woo, le dernier de la série des généraux,
certes porté à la Présidence, mais en position de
faiblesse avec seulement 35 % des voix (élection présidentielle
à un seul tour), l’ayant bien compris, avait été contraint
d’instaurer un régime plus démocratique qui se traduisit
par un véritable "laisser aller", tant étaient devenues simultanément
fortes la fièvre de consommation intérieure et l’ambition
internationale des dirigeants de chaebols . Du jour au lendemain, 1.600
syndicats furent créés. L’ensemble de la stratégie
économique fut à revoir, compte-tenu de l’explosion du marché
intérieur et de la perte de compétitivité de la Corée
sur les marchés extérieurs. Les mauvais résultats
ne se firent pas attendre.
De surcroît, et c’est très certainement là
l’erreur, les pratiques idustrielles n’avaient pas été modifiées
en conséquence, notamment pour faire face à de brutales augmentation
de salaire (les salaires avaient gonflé de plus de 100% dans les
banques… une pure folie). La rigidité des liens de fidélité,
vertu confucéenne, et de dépendance, renforcés par
le sentiment du devoir national et la quasi-institutionnalisation d’un
réseau de flux financier alimenté par des emprunts plus qu'excessifs
auprès des banques internationales procédant des chaebols
expliquent sans doute l’inertie et le danger du dispositif. Le successeur
de Roh Tae-woo n’a pas été capable d’amener le pays à
négocier son virage démocratique.
2
- …ET LA CHUTE FUT ENCORE PLUS RUDE (LA DETTE EXTERNE DE LA CORÉE)
Malgré cette situation préoccupante, la
Corée fut prise par une fièvre de conquérir le monde
entier.
Pour maintenir son expansion rapide, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur, la Corée par l'intermédiaire
des chaebols a emprunté plus que de raison. Les taux d'endettement
de ses grands groupes, qui étaient déjà considérables,
s'élevèrent encore plus… Ils étaient trois à
six fois supérieurs aux taux pratiqués dans les nations occidentales!
Les banques du monde entier qui ont prêté
à la Corée n'ont pas été raisonnables, mais
elles étaient persuadées que le Gouvernement coréen
ne laisserait jamais "tomber" ses grands groupes. En fait, la Corée
fut pendant plus de 20 ans l'une des places les plus rentables du monde
pour les banquiers étrangers, qui n'enregistrèrent pratiquement
aucune créance litigieuse jusqu'en 1990.
Les plus impliquées aujourd’hui dans la dette externe
de la Corée sont les banques japonaises (entre 25 et 30% de la dette
totale, viennent ensuite les américaines, les allemandes, les françaises
et les anglaises.
En 1997 le groupe HANBO (qui voulait construire la plus
grande aciérie du monde alors que le groupe coréen POSCO
était déjà le deuxième sidérurgiste
mondial.... ) se trouvait en état de cessation de paiement, avec
une perte de 6 milliards de dollars que le Gouvernement coréen ne
pouvait plus éponger. L'effondrement de ce groupe suivi de plusieurs
autres (KIA.....) déclenchait une série de faillites illustrant
parfaitement la théorie des dominos.
En ce début d'année 1998, la Corée
est à un tournant de son histoire. Sa situation économique
est catastrophique. Après 100 jours de l'intervention du FMI il
est encore trop tôt pour savoir dans quel délai la Corée
retrouvera la confiance de la communauté internationale. Nous assistons
actuellement à une véritable mobilisation générale
de tout un peuple.
Sauf une défaillance toujours possible du Japon,
le créancier le plus important, et, par ricochet, un effondrement
du système américain basé sur le crédit (l'épargne
ne dépasse pas 10% contre 51% au Japon) les experts s'accordent
à dire que la Corée retrouvera une saine économie
dans approximativement deux ans.
Il faut donc suivre les décisions qui vont être
prises au cours des prochaines semaines pour permettre aux sociétés
étrangères d'investir librement en Corée, sans ressentir
ce sentiment de xénophobie qui est souvent tenace en Corée.
Le Président de la République, conscient de la nécessité
des investissements étrangers pour relancer l'économie et
réduire le chômage, ne perd jamais une occasion pour inviter
les fonctionnaires coréens à se montrer plus souples et plus
chaleureux.
Enfin, il faut considérer la péninsule coréenne
en fonction de sa situation stratégique en Asie du Nord-Est
, adossée aux ressources naturelles et humaines de la Mandchourie,
de la Sibérie, de la Mongolie, à proximité des énormes
marchés japonais, russe et chinois, sans oublier la Corée
du Nord dont le régime devra imploser ou suivre l'habile chemin
de la Chine qui mène au "capitalisme communiste" (la Corée
réunifiée représenterait un marché de 80 millions
díhabitants).
Quoi qu'il en soit la Corée du Sud, pays difficile
certes, mais prometteur, ne peut laisser indifférents l'industriel
et l'investisseur, qui devraient pouvoir profiter de la crise actuelle
pour intégrer ce pays dans leur stratégie asiatique.
3
- POUR QUAND LE REDRESSEMENT, ET DANS QUELLES CONDITIONS ?
On peut être optimiste quant à la capacité
des coréens de s’en sortir, car la volonté existe et une
indéfectible solidarité les soude en ce moment pour réduire
ensemble le train de vie qui leur avait monté à la tête,
et auquel ils montrent qu’ils savent renoncer, du haut au bas de l’échelle
sociale. Ce que la génération précédente avait
su faire, celle qui est active aujourd’hui en a encore l’image et se sent
capable d’en tirer des résultats plus rapidement, car malgré
la brutalité de la crise (classée selon son PNB, la Corée
a été rétrogradée en un an du 11è rang
mondial au 17è), un gigantesque potentiel reste acquis. En outre,
chose moins connue, les coréens expatriés qui travaillent
dans des pays à devises fortes, notamment aux États-Unis
sont très nombreux (11,5 % environ d’une population de 46 millions
d’habitants) aident leurs familles au pays.
Par ailleurs, si l’énormité de la dette
frappe à juste titre les esprits, puisqu’elle atteint, comme cela
a été dit, 170 MM USD, ce qui représente l’équivalent
d’une année d’exportation, les experts pronostiquent cependant (sauf
aggravation de la situation dans l'ensemble des pays asiatiques), un retour
au 11 ème rang mondial vers 2001.
Un danger pourrait cependant porter une ombre au tableau,
celui d’un contexte mondial pris de langueur, aux ressources moins abondantes
et moins capable de confiance à l’égard de la Corée.
Les spécialistes du scénario catastrophe décrivent
ainsi le risque. Sachant que les emprunts des pays asiatiques sont très
importants, dépassant sensiblement les moyens d’intervention du
FMI, de la Banque Mondiale et de la Banque Asiatique de Développement
réunis, sachant en même temps que les réserves du Japon,
de Taïwan et de la Chine augmentée de Hong Kong sont importantes,
mais libellées en dollars, il suffirait que leur rapatriement s'opère
trop brutalement afin de faire face aux pertes sur créances douteuses
de l’Asie malade et, singulièrement de la Corée prise de
fièvre, pour que les États-Unis se trouvent étranglés
à leur tour (car ce pays est un de ceux où, différemment
de l’Asie, on épargne le moins). Dans un tel contexte, la Corée,
et malheureusement pas seulement elle, connaîtrait les pires difficultés
pour se relever malgré ses atouts restés intacts. Mais ceci
n’est qu’une hypothèse, qu’l faut sans doute faire par prudence,
mais qui ne doit pas empêcher de faire l’hypothèse inverse,
tout aussi vraisemblable, d’une spirale vertueuse de confiance internationale
à l’égard de la Corée, dans un contexte rassuré
par l’instauration de pratiques assainies aptes à faire redémarrer
la machine.
4 - LES SECTEURS SUSCEPTIBLES DE RETENIR L’ATTENTION
DES INVESTISSEURS FRANÇAIS
GÉNÉRALITÉS
Sur le plan économique, la situation de la Corée
est catastrophique. Plus de 3.500 sociétés ont fait faillite
depuis janvier 1998). De leur côté, les chaebols seront
obligés de se débarrasser de certaines de leur filiales afin
de n’en conserver qu’un nombre très limité (5 ou 6) parmi
les meilleures. Or, le nombre de filiales dans certains grands groupes
est impressionnant, un énorme “marché” s’ouvre donc, mais
lentement, car les chaebols ne sont pas enthousiastes pour se séparer
de sociétés avec lesquelles elles ont des liens de fidélité
souvent très anciens. Seul, le Groupe Hyosung a fait “son devoir”
(le 11 mars 1998), en faisant passer le nombre de ses filiales de 20 à
6… L'Assemblée Nationale Coréenne étudie un projet
qui autoriserait toute société étrangère à
acquérir sans autorisation 1/3 du capital d'une société
coréenne. Le Président Kim Dae-jung, persuadé que
le redressement est au prix de l’ouverture de son pays, y est très
favorable et souhaite que la Corée perde son image de pays d'Asie
le plus difficile d’accès, ce qu’il a été en fait
jusqu’ici pour de nombreuses raisons. D’autant qu’il y a encore une marge
importante : les investissements étrangers en Corée ne représentent
même pas 3% de son PNB, alors qu'aux Etats-Unis ils représentent
17% du PNB et en Angleterre, jusqu’à 25% !! Un investissement en
Corée pour profiter de la situation actuelle n'est donc pas à
dédaigner, comme le déclarait récemment le Président
Chirac dans un journal coréen.
Cette situation exceptionnelle ne manque pas d'exciter
la convoitise des investisseurs étrangers qui voient dans la Corée
les trois principaux avantages suivants, respectivement attachés
à :
- l’existence d’un “outil” industriel puissant, dotés
de cadres de premier plan, ayant souvent travaillé dans la plupart
des régions du monde
- la baisse considérable du Won, la devise coréenne,
par rapport au dollar (plus de 60% depuis le 1er Janvier 97), ce qui confère
des prix raisonnables, voire attractifs, au prix des immeubles à
usage de bureaux et des terrains,
- la baisse des salaires.
En conséquence, les séminaires sur les “M&A”
(Mergers and Acquisitions : fusions acquisitions) se multiplient à
Séoul (Chambre de Commerce Européenne, Chambre de Commerce
Coréenne…), tandis que les missions s’y succèdent : le 25
février 1998, 250 hommes d'affaires coréens résidant
à l'étranger ont ainsi participé à un séminaire
pour examiner les affaires qu'ils pourraient reprendre. Plus de 500 personnes
sont attendues à une “foire au mariage des entreprises” prévue
à Séoul en avril prochain.
Il est intéressant de noter que le Président
Kim Dae-jung lui-même s'apprête à organiser une très
importante mission aux USA avec plusieurs centaines d'entreprises dont
de nombreuses sociétés de capital risque.Pour sa part,
le Président Chirac l’a invité officiellement à venir
le rencontrer en France en Avril. Une importante délégation
d'hommes d'affaires coréens l'accompagnera. Il faut y penser sans
attendre...
Le volume bilatéral des échanges entre la
France et la Corée est passé de 1 milliard de dollars en
1990 à plus de 3 Milliards en 1997. La France, 4ème pays
exportateur, est le 17 ème partenaire de la Corée tandis
que celle-ci n’est que son 24 ème partenaire. Il y a donc beaucoup
à faire pour regagner de part et d'autre une place plus honorable,
d'autant plus que les deux pays sont souvent complémentaires.
Il convient, tout en ne se pressant pas, car l’amélioration
n’est pas encore réellement en vue avant un an, de ne pas tarder
à engager une prospection très attentive, et en tous cas,
une observation précise de ce qui se passe en Corée.
LES DIFFÉRENTS
SECTEURS
LES PRODUITS DE CONSOMMATION GRAND PUBLIC
L’ÉLECTROMÉNAGER
Ce secteur a rencontré des difficultés du fait
de la baisse du pouvoir d'achat en Corée mais les exportations décollent
depuis le début de cette année (+ 89%). Excellentes performances
des climatiseurs (la Corée veut talonner le Japon), des réfrigérateurs
et
des machines à laver. Le matériel audio, très
affecté localement, deviendra très compétitif à
l'export notamment par rapport aux produits japonais similaires.
PRODUITS ALIMENTAIRES ET BOISSONS
Les affaires coréennes de ce secteur sont mal en point
du fait d'une concurrence acharnée. La productivité dans
ce secteur est très faible, mais là aussi, il faut penser
aux exportations. La France n'a pas du tout celle qu'elle mérite
dans ce secteur en Asie, alors qu’elle a réussi à prendre
des places de choix en Europe et aux Etats Unis. La France a l'intention
d'accorder un crédit de 200 millions de dollars à la Corée
pour lui permettre d'importer des produits français (porcs et produits
laitiers entre autres).
LES COSMETIQUES
C'est un secteur où la compétition fait rage
mais c'est l'un des plus intéressants d'Asie. Il faut concevoir
tout l’intérêt qu’il y a à exporter à partir
de Corée (42 millions de dollars d'exportations en 1997 dont
20 millions en Chine et à Hong Kong).
LA DISTRIBUTION
Ce marché a été libéré
en Janvier 96. Les grands acteurs mondiaux y sont présents et la
concurrence est féroce à la grande joie des consommateurs.
La productivité coréenne est insuffisante dans ce secteur.
La France n'est pas suffisamment présente…Cependant,
après avoir investi 260 millions de dollars en Corée et ouvert
4 supermarchés Carrefour s’apprête à en rajouter
5 de plus avec 200 millions de dollars. Ces investissements sont financés
par les profits réalisés par Carrefour dans certains de ses
308 supermarchés dans le monde. Enfin, plusieurs sociétés
françaises du secteur de la distribution sont déjà
à la recherche de terrains...
TEXTILES
Si les exportations coréennes de ce secteur sont à
la baisse vers les pays d'Asie, elles augmentent sensiblement au Brésil,
en Europe et aux Etats-Unis. Les Coréens disposent d'une main-d'oeuvre
qualifiée déjà largement utilisée par les
grandes marques mondiales. La concurrence chinoise prend des parts de marché
importantes, mais grâce à la baisse du Won, la Corée
va récupérer rapidement sa compétitivité.
L’INDUSTRIE
ÉLECTRONIQUE ET TÉLÉCOMMUNICATIONS
(14% du PNB)
1) Les télécommunications: marché
de 85 Milliards de dollars (ventes locales et exports), incontestablement
le plus prometteur avec une croissance de 25% par an depuis plus de 10
ans. Les téléphones mobiles se développent
toujours autant. Ce secteur lucratif est assailli par les acteurs mondiaux.
La France n'est pas suffisamment présente.
2) Les micro-ordinateurs personnels: la baisse
du won n'a pas été compensée par une hausse équivalente
des équipements en raison de la nécessité pour les
vendeurs d'alléger leurs stocks. Les composants fabriqués
sur place (et ils sont nombreux) vont permettre d'assembler des ordinateurs
dont les prix seront intéressants à l'export.
3) Les logiciels : les sociétés françaises,
au contraire de leurs homologues américaines, n'ont pas encore apprécié
l'importance de ce marché tant il est vrai que les Coréens
n'ont pas la créativité des Européens et des Américains
dans ce domaine. La plupart des logiciels opérant sur Windows peuvent
être traduits rapidement en version coréenne. A condition
de bien se protéger contre le piratage, il y a de nombreuses ventes
à opérer notamment dans la PAO et les réseaux.
4) Les systèmes on-line se développent
rapidement en collaboration avec des groupes étrangers.
5) Place aux SSII : enfin il y a des places à
prendre pour les SSII. Des marchés intéressants ont été
offerts à plusieurs sociétés françaises mais
en vain: l'une d'elle a même reculé car elle trouvait le marché
trop important..!
6) Electronique : ce secteur mérite une
attention particulière car, dans certains domaines (DRAM) les Coréens
sont déjà leaders mondiaux. Il n'est certes pas facile d'acheter
des unités de fabrication dans le domaine des semi-conducteurs mais
ce n'est pas impossible, puisque certains américains le font. Hansung
Electronics cherche une alliance avec Intel car elle a besoin d'argent
(Intel possède déjà 10% du capital de Samsung Austin
au Texas). Philips et Motorola sont sur les rangs pour acquérir
des sociétés coréennes.
Hyundai Electronics Industries a vendu sa filiale Sympios
Logic (non-memory computer chips) à l’américain Adaptec Inc.
pour 775 millions de dollars (en réalité 900, Adaptec assumant
les dettes de la société), deux fois plus cher qu’il n’avait
été acheté.
AUTOMOBILES et PIECES DETACHEES
Les sociétés américaines et allemandes
se ruent sur les équipementiers coréens qui sont en très
mauvaise posture. MANDO MACHINERY a vendu ses dernières actions
(50%) dans KAMCO à BOSCH qui en possédait déjà
50% et qui devient la première affaire étrangère à
posséder 100% d'un équipementier coréen.
Il y a encore des places à prendre parmi les
PME coréennes qui alimentaient le marché domestique et
qui voient leurs commandes baisser. Plusieurs affaires françaises
étudient le marché pour d'éventuelles reprises car
d'une part les Coréens ont acquis une certaine expertise en la matière
et d'autre part la baisse du Won et des salaires vont rendre les exportations
très profitables. A l'inverse, il ne faut pas songer à
exporter des voitures en Corée, la fierté nationale décuplée
par la crise stérilisant tout achat.
Le marché domestique est en très net recul
(+ de 50%!!) . Les exportations prendront le relais, notamment vers l'Europe,
où les voitures coréennes, bon marché, seront recherchées.
5.392 voitures ont déjà été vendues en Espagne
au cours des deux premiers mois de 98 (+25%). L'Europe de l'Est est une
cible pour Daewoo afin de mieux contourner l'Europe de l'Ouest où
les voitures coréennes sont appelées à concurrencer
les japonaises.
LES PRODUITS PHARMACEUTIQUES
La Corée est le 10 ème marché mondial.
On consomme beaucoup de médicaments qui sont la plupart du temps
donnés sans ordonnance. Deux observations importantes s'imposent
dans ce secteur :
1) L'expertise des Coréens est loin d'être
négligeable et ils font des progrès rapides notamment
dans le domaine des vaccins. La R&D notamment dans la recherche
des nouveaux médicaments a enregistré quelques bons succès.
2) Les Coréens exportent de plus en plus vers
les pays en voie de développement. Le ginseng s'exporte
également très bien dans les pays industrialisés.
Les joint-ventures et les investissements directs dans les pays étrangers
se multiplient (Chine, Indonésie, Inde, Vietnam..) afin de pouvoir
mieux développer les ventes dans toute l'Asie.
ACIERS ET METAUX
Il y a lieu de rappeler que la Corée est le deuxième
sidérurgiste mondial en volume. Les commandes se multiplient pour
acheter
en Corée les produits métalliques que la baisse du Won
rend très attractifs.
MACHINES
C'est un bon secteur dont les exportations sont
satisfaisantes notamment dans les pays en voie de développement.
CHIMIE, PETROCHIMIE ET SES DERIVES
(matière plastique, fibres synthétiques,
caoutchouc synthétique)
Si les raffineries souffrent en raison du prix à
payer en devises fortes pour le brut, les produits dérivés
connaissent une progression de 27 % dans leurs exportations.
CHANTIERS NAVALS
La Corée qui talonnait déjà le Japon
va enregistrer des commandes importantes en raison de la baisse des salaires.
On ne conseillerait évidemment pas d'acquérir un chantier
naval (encore qu’il ne serait pas impossible d’étudier des formules
de joint-ventures), mais incontestablement, des travaux pourraient être
sous-traités avec profit par ces chantiers.
CONSTRUCTION
Treize milliards de dollars de contrats ont déjà
été signés pour 1998 et l'on espère arriver
à 15 milliards de dollars à fin 98. Si les Coréens
n'ont pas tellement brillé dans certains de leurs travaux domestiques,
ils sont par contre de redoutables concurrents pour les affaires
françaises. Après avoir remportés d'importants contrats
en Asie, ils se replient vers le Moyen-Orient (où ils furent jadis
excellents), l'Amérique Latine, l'Afrique, l'Europe de l'Est pour
mieux attaquer l'Europe elle même, car il faut s'attendre à
les voir nous concurrencer dans moins de cinq ans.
Une alliance avec un constructeur coréen
pourrait être une excellente chose pour décrocher des marchés
dans les pays en voie de développement et notamment en Afrique.
Les salaires (main d'oeuvre et cadres) seront un élément
essentiel dans l'obtention des marchés.
Dernière heure : le 11 mars, le Gouvernement annonce
qu'une série de grands travaux seraient réalisés
pour relancer l'économie (construction de route, dragages, trains
et métro).
LES SERVICES
BANQUES, SOCIETES FINANCIERES
De nombreuses maisons de titres américaines et
européennes examinent actuellement l'ouverture de succursales en
Corée. Le bureau de la société financière de
la Société Générale aurait déjà
obtenu l'autorisation de s'établir en succursale. Lehman Brothers,
Goldman Sachs, JP Morgan vont établir probablement des maisons de
titres en mars 1998.
Dans l'hypothèse d'un rétablissement de
la situation en Corée en 1999, les opérations de bourse
initiées dès maintenant devraient être extrêmement
rentables (profit sur les cours actuellement au plus bas et profit
sur le taux de change qui se rétablira en 1999).
Il y a lieu de rappeler que les technologies des banques
américaines et européennes notamment dans le domaine des
"derivatives" sont de très loin meilleures (donc plus
rentables) que celles des Coréens.
Enfin, à l'heure des fusions & acquisitions,
bien qu’en joint-venture, il y a relativement beaucoup de banques et
autres Merchant Banks à racheter.
SHIPPING
Ce secteur est en mauvaise posture en raison de la baisse
des imports des pays asiatiques et certaines companies vont chercher des
alliances avec des sociétés étrangères. |